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67 « Comment se préparer à une bonne lecture du TAROT »

Pour tous ceux et celles qui n’ont pas eu la chance d’y assister extrait du cours du 12 avril 2005 d’Alexandro JODOROWSKY

Il y a plusieurs façons de lire le Tarot. Il y a la façon commerciale qui occupe beaucoup de professionnels. On peut aussi étudier le TAROT pour trouver le secret de la vie éternelle, étudier la Kabbale, l’Alchimie et tous les symboles qui permettent de ne pas mourir. C’est un bon espoir. C’est une démarche pour devenir initié. Une autre façon, c’est de lire le TAROT comme un art. C’est d’une immense beauté. Et une dernière façon, c’est être utile à l’autre. C’est ce que j’enseigne et c’est ce qui est le plus difficile.

Comment être utile à l’autre ? Il ne suffit pas d’avoir des images, de l’intuition. C’est un travail qu’il faut faire soi-même.
Le premier obstacle que l’on va trouver, c’est l’exacerbation de la personnalité, l’exacerbation du monde personnel.
Il y a des personnes qui font le vide quand elles sont devant l’autre mais elles se jouent une comédie. En réalité, quand on est un lecteur de TAROT tel que je le conçois, c’est durant toute la journée que l’on doit être dans cet état de vacuité, pas uniquement au moment où l’on s’assoit devant quelqu’un pour lui lire les cartes.

Généralement, notre cerveau est plein d’inutilités, de pensées parasites qui ne servent à rien. Ce sont surtout les pensées qui viennent de l’Arbre Généalogique : « ma maman… mon papa… mes frères… mes grands-parents… tout ce qu’on m’a fait à telle époque etc… »
On est tout le temps en train de tourner autour de sa propre personne. Je ne dis pas que l’on n’arrive pas à lire le TAROT et à avoir de vraies intuitions mais ce n’est pas cela qui est vraiment utile. La vraie utilité, c’est lorsqu’une personne est devant toi, d’abandonner absolument ton monde personnel pour voir le monde de l’autre.

Mais qui est cet autre qui vient te voir ? C’est une personne qui essaie de faire un travail mais ce n’est pas encore abouti, sinon elle ne viendrait pas consulter le TAROT. Ton dialogue intérieur doit être arrêté. Il faut un très grand calme intérieur et n’avoir aucun préjugé pour regarder la personne et pouvoir aller directement au problème. Nous avons un corps, un sexe, un intellect et des émotions.

As de denier

Au moment où on lit le TAROT, il faut abandonner toutes nos maladies. Il faut les laisser de côté. N’avoir ni problème de santé ni problème économique.

Ensuite observer quel est le rapport de cette personne avec l’argent. Voir comment elle s’habille. C’est intéressant. Il y a deux façons de s’habiller : une façon superficielle pour séduire (à certains moments, c’est très recommandable) et il y a une façon de s’habiller pour se respecter, respecter son goût. Pas pour se montrer, mais pour être en concordance avec ses goûts puisque de toutes façons, il faut s’habiller. C’est une façon de voir si la personne se respecte ou pas. Voir aussi comment la personne bouge.

As de baton

Pas de sexualité non plus. Tu peux sentir beaucoup de choses : des sympathies, des antipathies mais si tu es dans une position de rejet ou de séduction, quelque soit la situation sexuelle dans laquelle tu te trouves, tu ne peux pas lire le TAROT. Comme l’autre est un animal intuitif, il ne va pas te faire confiance.
Et même si la personne a 90 ans, ne pas avoir peur de se demander quelle est sa sexualité. La sexualité ne finit pas à 50, 60 ou même 70 ans. On peut avoir des désirs à n’importe quel âge, même si ceux-ci passent à un autre niveau.

As d’épée

Ne pas avoir peur de voir la personne intellectuellement. Je vais regarder le consultant sans peur. Je ne vais pas le critiquer. Je peux voir son niveau intellectuel et ce qu’il en fait. A quel niveau il se situe.

On ne vient pas me voir pour que je raconte ma vie, que je montre combien je suis intelligent, bon, merveilleux. Aucune prise de pouvoir, aucune démonstration de ma supériorité sur celui qui vient me voir. Si je suis supérieur au consultant, je ne lui suis pas utile. Il faut que je le lise dans un niveau neutre où il n’y a aucun problème de pouvoir. N’avoir aucune morale ni religion dans lesquelles nous voudrions emmener la personne, aucune idée politique et aucune nationalité. Quand on rentre dans le TAROT, il faut laisser tout cela de côté. Pas d’âge non plus.

Il existe des niveaux de conscience. On va d’une conscience étroite, de la même façon que l’on vit dans une petite pièce de 5 mètres carrés à une conscience ouverte. Les personnes ont un niveau de conscience qu’il faut pouvoir déterminer. Il faut avoir une certaine délicatesse et ne pas imposer son propre niveau.

As de coupe

Le cœur doit rester en toute sérénité. On laisse ses propres émotions de côté. Ce n’est pas nous qui sommes en jeu, c’est l’autre. Nos émotions n’ont rien à voir avec la lecture du TAROT. Voir si cette personne est aimée ou pas, si elle se sent aimée ou non. Si son cœur est en colère ou pas. Observer l’état émotionnel de la personne.

Quand on prend les cartes de TAROT, la personne qui lit le TAROT doit les mêler elle-même avant de les passer au consultant. Si tu donnes un TAROT ordonné, au fond, tu caches ta subjectivité. Cela va être une rencontre entre l’autre et moi. Et moi, j’ai quelque chose à faire dans cette rencontre. J’ai un hasard qui m’est propre et je lui le propose. Il faut donc que je mêle bien les cartes pour ne pas les donner dans un ordre qui n’aurait rien à voir avec moi. C’est très important de comprendre cela, parce que lorsque tu vas lire les cartes, tu vas produire un changement, produire quelque chose à la personne qui vient te voir toi. C’est l’union de deux inconscients pour que la lecture soit bonne. Bien que tu mettes complètement au service de la personne, tu ne peux pas nier qu’il y a une partie inconsciente de toi qui est là.

En général, je demande à la personne si elle a une question. Cela permet d’aller plus vite. Mais elle peut aussi ne pas poser de question.

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