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106 - Comment faire pour entrer en soi ? conférence du 21 avril 1999.

Pour tous ceux et celles qui n’ont pas eu la chance d’assister au Cabaret Mystique extrait de la conférence d’Alexandro JODOROWSKY

Le Sitio

Vignaud, maître de karaté merveilleux, a une façon de penser qui n’est pas habituelle, c’est une façon de penser corporelle. Mais nous ne pensons pas avec le corps. Dans un geste, le corps ne ment pas. Avec l’intellect on peut se donner des alibis, on peut mentir, se raconter des histoires. Avec le corps on ne peut pas. La faute on ne peut la trouver qu’à l’intérieur de soi-même, c’est une école d’humilité.

Ce n’est pas par hasard que je donne ces conférences dans un dojo, un lieu de karaté. C’est inconfortable, mais je ne suis pas un acteur quand je fais cela. Quand je faisais ces conférences dans un théâtre, je me sentais mal, car j’étais comme un acteur et au fond je veux faire une conversation utile pour tout le monde. Bien sûr que je joue, c’est le théâtre idéal pour moi, mais ce n’est pas du théâtre. Dans le dojo vous avez vu que le maître est très aimable, Vignaud est toujours aimable et Sébastien son disciple est toujours plus dur. C’est normal car le maître a fait un pas, il a compris que pour être fort on peut être aimable, si on a la conviction de quelque chose on n’a pas besoin de l’imposer par la force.

Dans la carte du TAROT LA FORCE XI

 

ce n’est pas la force physique, c’est la force par conviction. Convaincre c’est plus fort que forcer. Dans le dojo, vous avez vu, il y a un pont en bois car c’est naturel. Quand on vient ici travailler, on va à la recherche du naturel. On passe par un pont.

 

 

 

Dans le TAROT le pont c’est LE PAPE V

 

On est dans une vie matérielle et tout d’un coup on a une indication à aller au-delà, à trouver dans le corps l’esprit. On se sépare de la vie quotidienne. Ici, il faut enlever ses chaussures, de la même façon que Moïse enlève ses chaussures qui portent les miasmes pour rentrer dans un lieu plus pur. On laisse les chaussures car on laisse toute forme mentale, toute forme émotionnelle, tout désir et on va vraiment à l’essence essentielle de soi. On respecte le lieu.

 

 

On a oublié ce que c’est respecter.
Pour commencer, on ne se respecte pas soi-même. Un maître de kendo a dit que « tout combat se donne dans un terrain et pour vraiment vaincre, il faut connaître le terrain ». Mon terrain c’est mon corps, si je veux me vaincre, il faut que je connaisse mon corps, la sensation parfaite que j’ai de moi. La recherche du corps par la forme, par les muscles ne vaut pas grand-chose. Ici on se respecte et on respecte un lieu. Si on ne respecte pas la planète, c’est la fin de la race humaine. Aujourd’hui le ciel était pur et en venant ici c’était la merveille. Quand on respecte les choses on prend la force du sol. On apprend que la dignité ne consiste pas à ne jamais tomber, la dignité c’est apprendre à tomber, la dignité consiste à reconnaître que l’autre peut avoir raison, à reconnaître les sentiments de l’autre. C’est plus solide qu’un argument. La dignité consiste à accepter la créativité de l’autre. Un vieux professeur de Philosophie m’a dit qu’un peuple arrive à son siècle d’or quand chaque citoyen apprend à admirer la valeur d’autrui. On est constamment dans la critique, en train de démolir la valeur des autres. Ici on apprend qu’il y a un maître qui sait plus que toi, mais il ne va pas te faire devenir comme lui, mais devenir comme toi. Un maître c’est celui qui t’apprend à apprendre de toi-même. Ici on accepte qu’il y a dans un endroit où quelqu’un sait plus que toi. Tu ne te révoltes pas car c’est un acte d’amour, de passage. Ici le perdant est un gagnant car il apprend quand il accepte un maître qui te fait perdre. Nous n’acceptons pas dans la vie de perdre. Ici on se met à l’épreuve. C’est pour cela que j’aime ce lieu. Quand on rentre ici il y a bien des complexes, bien des souffrances, on n’est pas sûr de soi-même. Quand je dis ici, c’est dans mon esprit car le dojo c’est mon esprit profond. Alors quand je viens à mon esprit profond je doute de moi, je deviens faible, je n’ai pas une technique, un apprentissage. Ici on apprend que peu à peu on peut se refaire, se retrouver tel que l’on est. Et Vignaud est arrivé à ce que quelqu’un comme moi puisse donner des leçons, il admet que quelqu’un arrive à parler de choses spirituelles dans son dojo où tout le monde ne travaille que son corps. On ferme la boucle et on unit l’esprit et l’activité thérapeutique. Mais on s’est oublié.

J’ai trouvé par terre une petite plume, mais l’oiseau est invisible. Je me suis dit que si j’avais une plume, c’était que j’avais un oiseau à l’intérieur de moi qui allait sortir pour chercher la plume.

Voici une petite histoire hindoue :

Une femme très croyante demande à un vieux moine de lui expliquer la loi. Comme il en était incapable il se sauva pendant que la femme se concentrait en fermant les yeux pour mieux l’entendre. Elle ne s’était pas rendue compte qu’il n’était plus là et par la force de sa concentration elle obtint de réaliser la loi.

C’est merveilleux, cela indique tout le travail que l’on doit faire. On cherche un maître, on cherche un maître et on croit que l’on travaille avec le maître, mais en fait on travaille avec soi-même. On trouve son dojo, on trouve son lieu.

Dans les courses de taureau, il y a un moment donné où le matador et le taureau sont face à face. Le matador s’est approché, et lui et le taureau sont là. Cela s’appelle « le sitio ». Il est rentré dans la place, dans quelque chose où nous tous nous formons une unité et tout ce que fait le taureau et lui cela devient parfait. On rentre dans le dojo, on rentre dans soi.

Mais on s’est oublié.

Comment fait-on pour entrer en soi ?

Voilà la question que j’essaie d’investiguer aujourd’hui. Je ne sais pas si je suis capable de vous l’expliquer. A chaque conférence je me propose toujours un thème que je n’ai pas trop compris pour pouvoir le découvrir. Vous allez m’aider. Je ne suis pas professeur d’université qui sait de quoi il parle.

C’est être dans le présent car il n’y a pas de présent, tout est passé. On ne peut capter que le passé quelque part. Avec ce passé là on fait une espèce d’abstraction, on tire quelques éléments, on les décrit. Le passé devient langage. Nous sommes tous des conteurs, nous racontons des histoires, nous racontons notre passé. Des histoires très, très douloureuses. Mais une fois que la chose est écrite, tout devient symbole. Il n’y a rien de réel, on ne connaît qu’un système de symboles parce qu’un langage c’est un système de symboles. Alors on ne connaît que des symboles. A ce moment là un livre sacré du bouddhisme, les histoires sacrées du Bouddha, a autant de valeur que ce petit morceau de papier que j’ai découpé dans le journal, « le Parisien », le pire journal. Il y a des actes de synchronicité, vous allez voir que c’est un acte miraculeux car après avoir découpé cela je me suis dit il faut que j’aille chercher une histoire dans le canon bouddhique pour voir si vraiment le journal est aussi profond qu’une histoire de Bouddha.

Premièrement l’histoire dans Le Parisien : elle est très anonyme. « Un homme tué par balles à Marseille ». Mais maintenant c’est un symbole, cet homme là n’existe plus, ce n’est plus une réalité, c’est un conte symbolique, initiatique. Un homme de 46 ans. Pour moi c’est intéressant car un IIII c’est L’EMPEREUR et le VI c’est L’AMOVREVX et VI + IIII = X . C’est la ROVE DE FORTVNE qui est un cycle qui est fini.

Le IIII c’est la réalité et le VI c’est la réalité où l’on fait ce que l’on aime. On passe du réel au plaisir.

« Un homme de 46 ans a été assassiné lundi matin à Istres, dans les Bouches du Rhône avec 4 balles de gros calibre. Pour la police l’homme évoluait dans le milieu des machines à sous. Il a été tué dans sa voiture par un inconnu qui a pris la fuite. Une douzaine se sont produits au cours des 6 derniers mois dans la région marseillaise »

Le numéro secret du XII fait 78 qui est le nombre des 78 cartes du TAROT. Il a été tué par 4 balles. Vous savez que dans les TAROTS il y a 4 couleurs :

L’Epée, l’intellect, la Coupe, l’émotionnel, le Bâton la vie sexuelle créative et les Deniers la vie corporelle.

Donc dans les 4 centres de perception on reçoit des explosions. Les balles nous font éclater l’intellect, la vie émotionnelle, la vie créative, la vie matérielle. Et qui nous fait éclater cela ? un inconnu, l’inconscient et la voiture c’est le symbole de l’ego. Dans notre ego on nous a fait sauter la cervelle et moi je perdais mon temps à travailler avec des machines à sous. J’étais dans la multiplicité. Je multipliais les monnaies, les pièces. Je n’étais pas dans l’unité. Et pourquoi on m’a tué ? parce que je le cherchais. J’étais un disciple et dans ce sens là mourir c’est s’illuminer. Il s’est illuminé car tous ses vieux principes et ses idées fausses ont éclaté. Maintenant le dojo a parlé « sors de la voiture maintenant, ouvre-toi, » Pan ! Les sentiments, éliminés. les désirs, vouloir être riche, éliminés. Maintenant tu te trouves avec toi-même, tu meurs à toi pour être ce que vraiment tu es. Tu lâches le passé, tu es dans ton présent. C’est comme cela que je l’analyse.

Et quand j’ouvre le livre sacré aux waters, car aux waters je lis beaucoup les canons bouddhistes et « Dieu me livre d’inventer des choses quand je chante » comme dit Neruda, je lis :

Un vieux moine dont l’âge avait émoussé les facultés intellectuelles demande à des jeunes moines de lui donner les 4 fruits de la sainteté. Les jeunes gens qui veulent se moquer de lui le font asseoir dans un coin de la pièce et lui assènent un coup sur la tête en lui disant « voilà le premier fruit de la sainteté, maintenant tu es entré dans le courant » Mais le vieux moine est si absorbé dans sa méditation ne s’aperçoit pas du mauvais tour qu’on lui a joué et il entre dans le courant.

Alors je me suis demandé si « entrer dans le courant » ce n’était pas entrer dans le présent et surfer sur le temps. Il faut y aller et entrer dans le changement constant. Pour se trouver soi-même il faut accepter les changements continuels. On n’est pas le même.

Les jeunes gens recommencent le même jeu en lui disant.
« voilà le deuxième fruit, maintenant tu es celui qui ne reviendra qu’une fois » Pan !

Mais oui, je suis unique et je n’ai qu’une vie et cette vie est unique, je suis une signature divine, jamais je ne vais me répéter et dans l’éternité je suis unique, je suis un bijou unique. Il faut que j’ai du respect pour moi-même, que je m’écoute. L’autre fois on m’a donné à Barcelone une glace au Roquefort. Je n’avais jamais goûté cela de ma vie. Cela avait bon goût, mais c’était bizarre. Mais nous sommes une glace Roquefort, on n’est pareil à personne. Moi j’ai 7 chats et chaque chat est différent. Ce sont mes 7 chakras.

Le vieux moine se rend compte avec le deuxième coup dans la tête qu’il n’y aura pas d’autre possibilité qu’un infini amour de soi. Tu ne souffres pas, tu acceptes ta joie. Tu vas avec tes douleurs mais en dessous de la douleur c’est la joie que tu es unique, que ce moment est unique et qu’il est pour toi.

Si toi tu n’as pas la joie, qui ?
si ce n’est pas maintenant, quand ?
si ce n’est pas ici, où ?

Après on lui donne un troisième coup et on lui dit :
« maintenant tu es celui qui ne reviendra plus ».

Il faut savoir que l’on ne reviendra plus et donc il faut profiter de soi et des autres qui ne reviendront plus non plus. C’est une opportunité unique, merveilleuse, magique, cosmique, immense. Ne pas revenir cela veut dire qu’on avance toujours. Le courant avance, avance avec les autres dimensions merveilleuses et on n’a pas besoin de revenir, d’aller au passé sans cesse. Je suis une fille que mes parents ont frappée tout le temps et après je me trouve avec un homme qui me frappe. Pourquoi cela m’arrive ? J’ai lutté toute ma vie contre cela, ce qui a marqué toute mon enfance et de nouveau… Mais c’est parce que je l’ai provoqué en imitant le passé, sans me rendre compte que je m’arrange pour provoquer chez l’homme une telle colère qu’il me frappe. Bien sûr que l’homme a ses raisons de se mettre en colère si ses parents se mettaient en colère et il répète l’enfance. Mais le passé, c’est passé ! Ce qu’on a perdu on ne le récupèrera jamais. Si tu cherches à avoir ce que tu n’as pas eu, tu ne l’auras jamais. Il faut faire le deuil. Tu auras d’autres choses. Quand un arbre a une blessure, il reste blessé, mais il ferme la blessure avec une croûte et les autres branches poussent. Nous, si nous faisons ce deuil, nous pouvons créer une autre vie à côté de cette douleur. Elle sera toujours là, en attente, enveloppée, elle sera toujours là. Mais il faut faire le deuil, on n’aura pas ce qu’on n’a pas eu. Si Papa était absent, il sera toujours absent et je vais chercher des hommes qui sont absents pour reproduire Papa. Mais cela suffit !

Et on lui donne le quatrième coup :
Paf ! Et voilà le fruit, maintenant tu es un saint, libéré d’impureté.

A ce moment là les jeunes moines s’aperçoivent avec stupéfaction que le moine est devenu un saint.
Bien sûr que je souffre, mais cela ne va pas agir sur ma perfection et je continue à vivre dans le courant, avec l’amour de moi et l’amour du monde, malgré tout.

Pourquoi on n’arrive pas à entrer dans soi ?

Ouvrez bien les oreilles et ne me projetez pas des choses négatives en écoutant cela car là vous pouvez m’accepter ou ne pas m’accepter. C’est utile pour vous, alors je ne suis pas là ni pour prouver que je suis une merveille, ni pour faire une secte, mais pour être utile. Vous ne lirez cela dans aucun livre. C’est très normal qu’en naissant on se dise « je suis venu au monde, je suis moi, je suis satisfait de moi, quel plaisir d’exister. Quelle merveille, quelle merveille ! Mais pourquoi nous ne sommes pas comme cela, pourquoi avoir à faire cet énorme effort pour être soi ? Par les défauts de la société, du monde, de vous tous on naît mal. Notre société est en mutation, il faut arriver à quelque chose de mieux. Il y a des mères, mais quand je dis cela je dis que derrière il y a des pères car si la mère est toxique c’est que le père est toxique, qui ne prennent pas l’enfant comme la création d’un être exceptionnel mais comme un ennemi, comme un « non-elles » et elles essaient que l’enfant soit elles. Elles le voient comme une tumeur qu’elles essaient de rejeter avec des anti corps. Presque tous les parents sont toxiques.

Alors quand vous sentez que vous ne pouvez pas rentrer dans vous-même, vous sentez que vous avez un frère jumeau ou une sœur jumelle ou que dans l’enfance vous avez eu un ami invisible, ou vous sentez que vous n’êtes pas bien dans votre peau car votre être essentiel, votre dojo n’a pas été respecté. J’ai été agressé dans ma formation. Le placenta avait une mission divine, c’était un frère jumeau qui vit 9 mois pour nous protéger. Ce placenta a des cellules du père et de la mère. On n’est pas formé que des cellules de la mère. Le placenta va purifier, si la mère se drogue, il va purifier les toxines, il va purifier pour que tu sois vivant, pour que tu vives, qu’il n’y ait pas de fausse couche. La mère et le père sont divins, quand il n’y a pas de problème, que le père est présent, qu’ils s’aiment, qu’ils sont conscients, qu’ils savaient pourquoi ils me faisaient, qu’ils m’ont attendu, que je ne suis pas une solution, qu’ils sont respectueux du monde, qu’ils vont créer un être pour continuer la vie etc. Le placenta se fait invisible, il ne pèse pas sur ta personne. Donc quand tu nais tu es toi, complet. Le placenta t’a nourris, il donne sa vie, il est enterré et on plante un arbre et on le vénère. Tranquille. Mais quand il y a l’agression le placenta commence à rentrer en colère et c’est comme la guerre des étoiles. S’il y a une invasion qui vient il se défend, il souffre et il subit l’empoisonnement. Il est furieux, il devient l’acteur principal dans le ventre. Alors toi quand tu nais ton être reste collé à la colère du placenta. Le placenta meurt et toi tu deviens un placenta vivant. Tout proteste en toi et tu ne vas pas arriver à être toi. Il y a une telle couche de défense et de colère que pour vivre il faut que tu te défende et que tu souffre

La vie est une merveille.

Tu te réveilles le matin en te disant « je suis vivant ». Ma vie a changé un jour où j’avais une interview à la Maison de la Radio il y a bientôt…25 ans, quand tout d’un coup est tombé un œuf de marbre devant moi. Paf ! Il était tombé d’un huitième étage. S’il m’était tombé sur la tête à 5 centimètres près, il me tuait ! Quand je pense qu’un œuf de tortue a tué Aristophane, il est mort comme cela. Moi c’était un œuf de marbre. En plus il était gris, triste !. Tout le système de ma vie a changé. Je ne serai plus jamais triste. Si on a une tristesse on la met dans le courant, les idées folles, dans le courant, les angoisses économiques, dans le courant. Quand je me mets dans le courant il faut que je fasse, quand arrive le moment, le deuil de mon côté misérable, défensif. Il faut que cela cesse. Si je fais beaucoup d’exercices ici et ailleurs, ce n’est pas pour rendre mon corps plus fort. Bien sûr que c’est bon pour la santé. Il faut arrêter de s’auto détruire parce qu’on a voulu nous détruire.

As d’Epée Rentrer dans cela c’est se dire que j’ai un appareil mental, que je peux avoir des idées incroyables. Si j’élimine toutes les idées qui m’angoissent je me sens hyper bien. Je vais à la source de ma pureté mentale. Je n’ai pas besoin qu’on me donne des idées,. J’ai besoin qu’on souffle dans ma tête, qu’on me nettoie la tête comme un nuage, pour que je puisse penser vraiment, sans honte. Qu’on ne m’empêche pas de penser ce que je veux, même si ce sont des pensées folles. On peut se libérer de ses pensées et on se trouve, tranquille, dans le courant, car les idées changent. Il y a un choix à faire, aller chercher quelqu’un qui nous élève et pas quelqu’un qui nous enfonce. Cela ne vaut pas la peine. Moi il y a longtemps que je ne lis pas la littérature où on dit que le monde est une merde. Je préfère lire ce qui me montre des bijoux, parce qu’on peut gratter la souffrance comme on peut gratter la merveille. Je préfère gratter le ciel plutôt que la boue. On peut s’encanailler de temps en temps. Un bain de boue c’est formidable.

As de Coupe Le cœur. Pour être soi, de nouveau ce sont les sentiments qui sont là, d’abandon, qui te conduisent à la possessivité, te fait fixer tes sentiments dans le passé et tu n’admets pas les chocs émotionnels Mais rentrer dans le courant, c’est faire le deuil. Il y a les trois choses : la création, la conservation et la destruction. C’est comme une fleur qui peu à peu se fane, c’est normal. Et jouissons de toutes les étapes. Un couple doit prendre très aimablement la séparation, doit prendre très très passionnément sa construction, avec beaucoup de respect sa conservation et plein de dévotion sa séparation calmement parce que cela ne pouvait pas en être autrement. Il faut expérimenter la réalité comme elle se présente. Je ne lutte pas contre moi. J’ai un état dépressif : d’accord je suis dépressif. C’est une merveille d’être dépressif. Aujourd’hui j’étais hyper dépressif quand l’attaché culturel chilien m’a dit que mon livre ne valait rien. Si j’ai une dépression, j’ai une dépression. Si je rate, je rate, si j’ai faim, j’ai faim. Je ne suis pas parfait, je suis excellent, je fais le mieux que je peux. Être parfait n’est pas humain.

Quelle merveille : je vous annonce que je suis là ! J’ai mis des années à être là. Tu dis à tes parents, à tes amis : je suis là !

La leçon d’aujourd’hui c’est simplement le respect. Un vrai maître, quand il sort du dojo, tout est sacré et tout ce qui rentre dans son champ de regard est béni.

Cassette enregistrée et prêtée par Denis Patouillard Demoriane.
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