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95 - Quatre chevaux et un seul char : extrait de la conférence du 30 avril 1997

Pour tous ceux et celles qui n’ont pas eu la chance d’assister au Cabaret Mystique d’Alexandro JODOROWSKY

On va faire un poème ! Dans la civilisation chinoise, on ne pouvait pas mourir si on ne faisait pas un poème.

Je vais commencer par une histoire de TOPOR, car même les artistes font parfois des histoires initiatiques !

"C’est une petite fille qui est toujours sale. Sa mère lui dit

  • Mais tu es bête, tu es bête, toutes les filles quand elles sont à côté de la fontaine se lavent le visage, toi, tu ne te laves jamais le visage, tu es bête.

La petite fille va à la fontaine et se lave le visage. Et en se lavant le visage, les yeux s’en vont, le nez s’en va, la bouche s’en va, les oreilles s’en vont, elle sort de l’eau comme une boule, et les autres filles en voyant ça, la tue comme si elle était une bête".

Je suis allé voir ce magnifique film qui s’appelle "Shine", ceux qui s’intéressent à l’Arbre Généalogique doivent aller le voir, car c’est la première fois que dans le cinéma on voit le problème père/fils et pas mère/fils ou mère/fille. On voit comment le père peut-être "châtrant" et peut maudire son fils et l’empêcher de se réaliser. Le père dit : ”Si tu t’en vas de moi, tu vas tout rater, tu ne feras rien.” Et quand son fils réussit à jouer le concert de Rachmaninoff, ce fils devient fou tout de suite, il se châtie.

Dans notre histoire, la mère dit à la fille,

En voulant tellement honorer la mère, la fille s’efface le visage, elle ne réalise rien, se laver c’est pour montrer ses valeurs. Sous la malédiction, au lieu de montrer nos valeurs, nous effaçons nos valeurs et à ce moment là on ne se réalise pas, la société nous détruit.
Dans les Arbres Généalogiques parfois nous avons des malédictions. On nous dit :

c’est le schéma de l’Arbre et si tu ne fais pas ça, tu vas mal. Alors on essaie d’être soi-même, mais, on sent que si on se réalise, on perd l’amour des parents, alors on rentre dans la malédiction et on se châtie par l’échec, par la folie, par la ruine, par le suicide, on se châtie.

Je vais continuer par 2 ou 3 histoires juives et arabes, parfois ils racontent les mêmes histoires. Ces histoires là sont belles, si les deux racontent les mêmes histoires, ça veut dire que les deux ont les mêmes goûts, et que les deux ont la même philosophie et qu’ils ont le même amour pour la sagesse.

"Mullah Nasredine a perdu son âne, et au lieu d’aller chercher son âne dans les collines, il crie :

  • louange à Allah ! louange à Allah !

Pourquoi est-ce que tu rends grâce à Allah pour la perte de ton âne, implore son aide ! M. Nasredine répond :

  • Vous ne comprenez rien, je rends grâce à Allah parce-que si j’avais été sur le dos de mon âne, je serais perdu !"

Ces histoires ont toujours été utilisées par des maîtres pour provoquer chez les élèves une prise de conscience.
Ici ça veut dire que nous séparons toujours dans l’initiation l’ego, le moi individuel, et l’essence, le moi éternel. Dans toutes les initiations on dit toujours que le moi doit se plier devant le moi essentiel : c’est tout, c’est très simple. On ne dit jamais que l’ego doit disparaître : le moi se plie devant le moi essentiel et pas à l’envers comme nous faisons ici en Occident, nous faisons comme si notre ego, notre moi était le centre. Où allons-nous placer ici le moi ? Le moi c’est Mullah Nasredine, et l’âne, c’est l’être essentiel. Alors l’âne quand il s’est perdu, ça veut dire que l’être essentiel est entré dans l’extase.

Quand on rentre dans l’extase, l’individualité se perd. Et Nasredine dit : merci, merci de n’avoir pas été dans mon être essentiel, quand il s’est perdu, parce que moi je suis là, je me reconnais, j’ai mon individualité. L’ego fait tout pour ne pas tomber en extase, pour ne pas se connaître, pour ne pas se retrouver ; il fait tout pour mener une vie à la hauteur de ses projections dans un plan horizontal.
L’ego ne connaît pas le plan spirituel, le plan vertical. Quand l’âne se perd Mullah Nasredine remercie de ne pas avoir été sur l’âne, de ne pas s’être perdu parce que cela provoque une terreur épouvantable de se perdre quand on ne se cherche pas. C’est terrifiant, se perdre. J’ai essayé beaucoup de fois de me perdre, je vous assure que c’est terrifiant. Tu commences par lâcher et tu dis : ça c’est pas moi et ça c’est pas moi... et tout d’un coup tu te trouves et tu ne sais plus qui tu es. Et quand tu finis par trouver dans l’impersonnel, tu te dis : qu’est-ce que je fais dans le monde, rien de ce que je faisais avant ne m’intéresse... Qu’est-ce que je vais faire ? Mais quand tu te trouves, tu deviens mille fois plus fort, tu peux dire non à des choses qui te sont offertes et qui ne te correspondent plus. Et tu sais très bien à quoi tu dis oui et à quoi tu dis non.

Les premiers qui ont interprété les fables en leur donnant de l’importance, c’est Gurdjief et Idries Shah, mais ils font un grand mystère, comme s’il fallait être initié pour comprendre les fables. Moi, je n’en fais pas un mystère.

"En traversant en voyage une contrée où il y avait beaucoup de brigands, Nasredine rencontre un compagnon de route avec lequel il a chevauché une bonne journée. Au moment où le soleil était sur le point de se coucher, l’homme s’arrête et dit : "Nous voici arrivé à la fin de la journée, prions" il retire son turban, son manteau, ses sandales, il déroule un tapis de prière, puis il dit : "Je suis un peu désorienté, par où faut-il se tourner ?" Nasredine répond : "Le mieux, c’est que tu te tournes vers tes habits" (Il doit se tourner vers ses habits, pour qu’on ne lui vole pas !)

Cela me rappelle une histoire de mon maître Zen TAKATA, un maître Zen très simple. Je lui parlais de son costume, comment il était composé, je me souvenais que Bouddha s’habillait avec des morceaux de tissu venant des hôpitaux, ton costume, ce sont les idées que tu portes, mais je lui demande : “et ta ceinture, que symbolise-t-elle ?”
Il me répond, “c’est très simple, la ceinture symbolise que mon pantalon ne tombe pas !” C’était formidable, ça m’a donné une claque.

Le livre que je viens de faire s’appelle "Le doigt et la lune" : Le doigt pointe la lune, ce n’est pas la lune, le symbole, ce n’est pas la chose, parler beaucoup des symboles ne signifie pas être sage, connaître la signification des symboles aide très peu parfois, cela nous montre un chemin, mais ce n’est pas une réalisation. Moi qui voulait intellectualiser tout, non, avant l’intellectualisation, il y a la pratique, au lieu de penser aller à La Mecque, pense d’abord à ce qu’on ne vole pas tes habits ! Avant de dire que tu es un mystique, solutionne ta vie matérielle.
Un vrai mystique n’exploite personne, il travaille, il a une source de travail et donne du travail.

"Un cheval fonce au milieu des villageois, pendant que son cavalier s’accroche désespérément à sa crinière,

  • Hé ! Moshe ! Pourquoi galopes tu de la sorte et pour aller où ?
  • Tu me le demandes ? Demande plutôt au cheval"

Au fond, dans la tête nous vivons des choses très claires et très précises, mais quand le coeur et les émotions se mêlent, on ne peut pas contrôler ses émotions.
L’autre jour je rencontre un maître, initié dans l’art de l’épée, initié dans tout, il connaît tout du Zen, tout de l’initiation, mais sa femme l’a quitté, et il était dans un état épouvantable, il a besoin d’aide mais il ne peut pas contrôler le cheval, quand on lui demande : où tu vas ? "Demande à mes sentiments où ils m’amènent, je ne sais pas où ils m’amènent ! Arrive le moment où les sentiments éclatent, la vie émotionnelle éclate, elle te prend, c’est à ce moment là que tu sais si tu es un vrai guerrier qui ne se laisse pas noyer par l’émotionnel. Il faut être préparé à vaincre ça. Un samouraï contrôle ses passions, mais il ne les empêche pas, parce qu’une passion, tu ne peux pas l’empêcher.
Tout ça peut nous arriver demain.

"Nasredine est en train de posséder son âne, quelqu’un passe et lui crie :
Salaud, cochon, qu’est-ce que tu es en train de faire !!

  • Attention, dit Nasredine sans s’arrêter, attention ! c’est ce que tu penses toi ! Mais peut-être l’âne pense autre chose"

Faites attention à vos jugements, pour juger il faut connaître la réaction de tout le monde, ce n’est pas ta vision qui est la vérité, chacun a une perception de la réalité différente, mettons nous à la place de tout le monde.

"Un rabbin qui devait se rendre dans une ville avec la diligence, s’inquiète de la durée du voyage auprès du postillon,

  • Avec un seul cheval,
  • il faut 3 heures,
  • et avec deux chevaux ?
  • Avec deux,
  • deux heures
  • et avec 4 ?
  • Avec 4, 1 heure,
  • très bien, dit le rabbin, attelle 12 chevaux, et moi je suis déjà arrivé !!"

Je vois que ça, c’est ne pas vouloir faire des efforts ; on veut solutionner un problème, mais on ne veut pas faire des efforts.

  • Maître, je veux apprendre à manier l’épée, combien de temps ?
  • 10 ans.
  • Tellement ?!
  • Alors 20 ans.
  • Comment 20 ans ?
  • Alors trente.

Vous savez, si on veut se dépêcher, on n’arrive pas. Il faut prendre le temps qu’il faut, pour produire la transformation nécessaire ; on ne change pas, on se transforme, donc il faut prendre le temps qu’il faut. L’élève ne veut pas prendre le temps qu’il faut, alors tant pis pour lui !

"Un pauvre juif essaie de vendre son vieux cheval. Il demande un prix dérisoire, mais personne ne veut de ce cheval tout maigre, triste, couvert de boue. Un ami vient lui donner des conseils : il faut que tu le brosses bien, cire ses sabots, tresse sa queue, et tu caches les côtes avec une couverture. Le vieux juif suit ces conseils, un client se présente :

  • Alors, combien cette belle bête ?
  • Cette belle bête comme vous dites, n’est plus à vendre, il faudrait être fou pour s’en séparer !"

Je suis passé par une forte dépression dernièrement, j’avais juste un costume, une paire de chaussures, je ne prenais un bain qu’une fois par semaine, j’étais en train de m’abandonner, je me traitais mal et en train de me suicider par l’excès de travail ; une forme de suicide c’est le travail. Et tout d’un coup mon fils Adam me dit "Mais j’ai honte de me promener avec toi, viens, je t’accompagne, on va acheter des chaussures", après, il m’a acheté ce costume, après la cravate, après la chemise : j’étais bien habillé, je me traitais bien et ma vie a changé. Je me suis rendu compte que j’avais ce vieux cheval, j’étais en train de le maltraiter, je voulais m’en défaire, je voulais m’en défaire de moi. En réalité, quand tu te traites bien, tu te valorises, et quand tu te valorises, tu agis bien mieux.

"Un marchand dit à un autre :

  • Prête moi tout de suite 10 000€ en liquide,
  • Quoi, comment !?
  • Je te les rends tout de suite, dans 2 minutes,
  • Oui mais tu vas les perdre !
  • Non, je ne bouge pas d’ici !
  • Bon, d’accord.

Il lui passe 10 000€, l’autre les met dans la poche, passe un coup de téléphone, discute un contrat, et lui rend son argent,

  • tiens, je te donnerai 500€ de plus
  • Quoi ? !
  • J’allais conclure un contrat, et je voulais me sentir bien !"

Quand on se traite bien, on a des réactions qui correspondent à nous-même, mais quand on est en train de s’abandonner comme le cheval du juif, on accepte n’importe quoi, on ne fait pas de bons contrats, on est co-dépendant, on se met en couple avec un alcoolique ou un drogué, un fou, un névrotique, un agressif verbal et tout le reste, on fait tout cela par manque d’amour pour soi. Au lieu de s’occuper de soi, on s’occupe du suicide de l’autre.

"En sortant le matin, Nasredine trouve un miroir cassé, il le prend, se regarde dedans, et se trouve si horrible qu’il le jette et dit :

  • Hors de ma vue, je comprend à présent pourquoi on t’a jeté."

Quand on ne s’aime pas, on accuse l’autre. Il y a des personnes qui sont tout le temps en train de dire que leurs défauts sont les défauts de l’autre. Le monde m’agresse disent les agressifs, le monde est dégénéré disent les dégénérés, il n’y a pas d’amour dans le monde disent les égoïstes, tout le monde exploite tout le monde disent les voleurs.

Maintenant voici mon thème, mon thème initiatique :
Je vous dis ça, mais je ne veux pas passer pour un maître, pour 99 cm peut-être, mais pour un maître, non !! Je vous passe cela comme un ami.

C’est la meilleure pensée que j’ai eue cette semaine, elle est complexe, mais je voudrais quand même vous la passer. Comprendre ça m’a beaucoup aidé.
Dans le Tarot il y a quatre couleurs : l’Epée, la Coupe, le Bâton, et le Denier.

L’Epée, c’est l’intellect, on a un centre intellectuel qui fonctionne avec des pensées, c’est comme un vase qui serait la force mentale, qui contient les idées, quand on enlève les idées le mental reste. Ceux qui pratique le Zen vont extirper les idées peu à peu, ils descendent ce vase et le mettent sous le nombril, dans le hara, le centre vital ; ils se vident de pensées, mais la force mentale est là.

La Coupe : C’est la même chose avec l’émotionnel. Il y a une Coupe qui tient les émotions, nous ne savons pas ce que c’est parce que nous sommes dans le cheval fou ; nous sommes pris dans les émotions et elles nous conduisent, mais qu’est-ce qu’il y a en dessous des émotions ?

Le Bâton : il y a le désir, les désirs irrésistibles, ce sont des vrais désirs, nous pouvons les contrôler bien sûr, mais nous ne pouvons pas les transformer, on peut les refouler, mais refouler le désir sans lui donner une porte créative, c’est tomber dans la névrose.

Les Deniers : ce sont les besoins qui sont là, mais nous ne savons pas quels sont nos vrais besoins, parce que ce monde de consommation nous donne des besoins qui n’existent pas, c’est la société qui nous met ces besoins inutiles.

Nous avons donc l’intellect, l’émotionnel, le sexuel, puis, le matériel, les besoins.
L’intellect a un langage que l’émotionnel ne comprend pas, le sexe a un langage que l’émotionnel et l’intellect ne comprend pas, le corps a un langage que l’intellect ne comprend pas.
La société nous parle le langage de l’intellect, dans l’intimité on communique parfois émotionnellement, plus intime encore sexuellement, sur le plan corporel, c’est l’intellect qui va dire Oh, je suis grosse, quelle angoisse...cet été, ça va être épouvantable !... Tout ça vient de l’intellect, mais ce n’est pas vu par le corps, car le corps te dit : laisse moi me reposer tranquille, moi je me sens bien... Le corps parle, chacun parle.

Mais qui fait l’union entre ces quatre langages ? c’est ce qu’on appelle la cinquième essence ; un centre qui connaît les quatre langages et qui nous unit dans une seule voie. Qu’est-ce que c’est être dans la voie ? C’est avoir un char avec quatre chevaux : idées, sentiments, désirs, besoins et mettre les quatre chevaux dans le même chemin : penser une chose, désirer la même chose, aimer la même chose, faire la même chose. Sinon on désire une chose, on aime une autre, on pense une autre, et on fait une autre...Ce n’est pas être dans la voie, c’est être dans le conflit interne. J’aime mon mari, mais je ne le désire plus, quoi faire pour le désirer, car on ne fait l’amour qu’une fois chaque année bissextile ! Mais pourtant je l’aime !

Alors il faut appeler l’aide de la cinquième essence pour mettre de l’ordre dans tout ça.
Mais cette cinquième essence, qui c’est ? Comment c’est ?
Je me suis vraiment analysé, le plus que j’ai pu, avec mes modestes moyens spirituels.

Quelles sont mes pensées à moi ? Quels sont mes vrais sentiments, quels sont mes vrais désirs ? Mes véritables besoins ? Donnons un coup d’oeil sans avoir peur, je veux me reconnaître, de qui est-ce que je copie les idées ? A quoi je crois ? Je me suis posé toutes ces questions et bien d’autres.
Je me suis rendu compte qu’étrangement j’avais des pensées qui n’étaient pas à moi, mais que j’admirais ; et que j’avais des pensées qui n’étaient pas à moi et que je détestais. Et j’avais des sentiments qui n’étaient pas à moi, et ça ne me plaisait pas de sentir ça. J’avais des désirs qui n’étaient pas les miens ; je me suis rendu compte que dans l’ombre (comme le crabe dans LA LUNE ), il y avait des désirs créatifs que je ne laissaient pas sortir, et qu’il y avait des besoins qui ne me correspondaient pas.
D’où vient le désir de prendre le monde comme une chose absolument et totalement individuelle alors que c’est à nous tous ? D’où vient le désir de garder la connaissance secrète sans la transmettre ? D’où viennent ces pensées, ces désirs, ces émotions ?
Si j’ai une cinquième essence je pourrais comprendre ce langage.

Mais je me suis rendu compte que ma cinquième essence est empoisonnée, parce que la cinquième essence est le résultat des autres quatre centres. Alors nous pouvons avoir un traducteur qui est empoisonné... mais pourquoi ? Nous devons avoir des pensées merveilleuses et nous les avons, nous devons avoir des sentiments merveilleux et nous les avons, dans mes rêves j’ai des sentiments beaucoup plus fins et délicats que j’en ai dans la réalité. Je commence à découvrir ce qu’est l’être humain à l’intérieur : l’être humain c’est une véritable merveille de générosité, d’amour pour l’autre, de désir d’aller ensemble tous.
Sauf qu’on est empoisonné historiquement ; il y a un moment où on a été empoisonné.
Est-ce que c’est vrai ça ? Non, ce n’est pas possible qu’on soit empoisonné, ce n’est pas possible que cette société soit un échec, non ! Car l’être humain est né primitif et peu à peu il développe son cerveau, on est en pleine transformation. Comme dans la mythologie hindoue, on a trois attitudes humaines très fortes :

Ces trois attitudes humaines dans l’histoire entrent en conflit.

Il y a les êtres qui vont faire la transformation de la société tout le temps, ils vont lutter pour que cela devienne de mieux en mieux, mais il y en a d’autres qui vont s’opposer pour conserver, d’autres qui vont essayer de détruire la société tout le temps. De l’interaction de ces trois attitudes est constamment en train de naître notre société. Nous pouvons voir les forces créatives, les forces destructrices, et les forces qui essaient de garder tout sans rien changer..
Tout ça est bon : ceux qui essaient de conserver donnent une assise matérielle, ceux qui détruisent éliminent le superflu, ceux qui transforment ouvrent de nouveaux chemins.
Ma cinquième essence est contaminée quand elle ne comprend pas bien la réalité et donne des idées folles, des sentiments fous, des désirs fous et des besoins fous. Elle nous donne cela, c’est la transmission de notre Arbre Généalogique qui nous dit : “fais ça, ressens ça, désire ça.”

Mais si le mental parle avec des pensées, le sexe avec des désirs, le coeur avec des sentiments et le corps avec des besoins, avec quoi parle la cinquième essence, quel est son langage ?

Son langage c’est la volonté divine.
La volonté est essentielle, découvrir en toi ta volonté, c’est te découvrir pour la première fois dans ta vie. Attention, il y a la volonté malade, elle te donne des pensées destructrices et négatives, elle te donne les sentiments fous, les désirs fous, une volonté d’autodestruction.
Mais il y a surtout une volonté merveilleuse en nous ; la volonté malade, c’est une volonté de faire ce qu’elle veut, la volonté merveilleuse, c’est obéir à la volonté divine, la volonté essentielle c’est obéir à la nature essentielle de ce qu’on est.
Quand en toi tu développes la volonté divine, tu obéis à ton mental, et ton mental commence à devenir canal, il te transmet les idées qui sont inhérentes à la race humaine et qui sont merveilleuses, c’est à ce moment là que tu commences à te trouver, à trouver tes vérités. Quand tu laisses arriver cette volonté, tu découvres tes vrais sentiments et tu les surveilles.

Transforme ta vie en obéissant à la volonté de cette cinquième essence qui obéit à l’autre volonté, divine, cosmique. Il n’y a rien en nous d’individuel, sauf notre moi et ce moi là est divin ; mais il faut le rendre transparent, il ne faut pas le rendre maître de la situation.
Quand une personne a un problème de choix, je lui dis : entre faire et ne pas faire, fais toujours, si tu ne fais pas, tu vas rester sans avoir eu l’expérience ; si tu fais et que tu te trompes, tu auras eu l’expérience et tu te sentiras bien quand même, parce que tu auras vécu. Ceux qui ont fait et se sont trompés ne doivent pas se culpabiliser, c’est une expérience merveilleuse, utile pour se trouver ici et maintenant.

Quel exemple vous donner ? Voilà : on est en train de m’offrir un film, il y a vingt ans j’aurais été fou de joie, en me l’offrant, on me propose des conditions, mais qui ne sont pas pour moi, je ne veux pas m’exprimer comme ça. Pendant la réunion je vais leur dire que je ne fais pas ce film là, pour tout l’or du monde si mes conditions ne sont pas remplies. J’ai déjà gagné ! parce que si mes conditions ne sont pas remplies, je ne le ferai pas ! Et en ne le faisant pas, je gagnerai, parce que j’obéirai à ce que je veux faire, et si je le fais, je gagnerai parce qu’on m’obéira, on me donnera les conditions que je demande.
Cela veut dire, que quand on se met dans une société, un couple, une relation, il faut être gagnant d’avance, il faut savoir ce qu’on veut et ne pas jouer une autre pièce de théâtre qui n’est pas la tienne. J’essaie "pratiquement" d’expliquer ce qu’est la volonté ! Il faut des contrats clairs.

Mon premier mariage a raté parce que j’avais fondé le groupe "Panique", j’avais décidé que l’homme était polygame et la femme monogame. J’avais décidé ça ! J’avais trente ans, j’étais un artiste, alors j’avais trois femmes, j’étais polygame. La quatrième femme est arrivée, me disant que j’étais l’homme de sa vie et elle vient s’installer, me fait des scènes de jalousie. 10 ans de bagarre ! Pourtant, le contrat était clair : si tu te mets avec le "Pape" du groupe "Panique", ne t’en mêle pas !! La personne n’a pas respecté le contrat. Ce que j’aurais dû faire, c’est casser immédiatement ! Si tu sais déjà que le couple va finir, fais le tout de suite, ne perds pas ton temps. Qu’est-ce que tu attends pour faire ce que tu veux faire ! Fais le tout de suite avec un contrat clair ! Tu peux cependant te laisser convaincre, mais sans drame, sans rentrer dans des invasions.

Chacun de nous a un terrain privé pour toute la vie, c’est le moi, c’est notre terrain privé ; et il faut préserver son terrain privé, que personne n’y mette la patte. Parce que si quelqu’un y met un pied, il met tout, il met une armée dedans.
La fusion, ce n’est pas l’amour, le véritable amour, c’est préserver le moi de chacun qui est sacré.
Si tu te laisses envahir, c’est la fusion, c’est de l’illusion, avec la fusion, rien ne se fait.
Ce deux "moi" remplis, mais différents, qui font l’union et la création.

cassette enregistrée et prêtée par Denis Patouillard Demoriane
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.